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Guerre 14-18 : l'entité de Courcelles durant  la Première guerre mondiale, suivi de ; Témoignages de soldats courcellois.
1ère partie.


En guise de préface,

Le siècle dernier a connu les deux plus importants conflits de l'Histoire contemporaine. Cependant, ce début de siècle a largement fait écho à la Seconde Guerre mondiale, à juste titre vu les atrocités commises par le régime nazi.

Nous ne pouvons néanmoins oublier la guerre de 14-18 dont les différents acteurs sont tous disparus à l'heure actuelle. Ce conflit fut un tournant dans la conduite des guerres avec l'apparition de nouvelles armes plus perfectionnées et plus mortelles que celles du passé. Un plus grand nombre est mort et beaucoup ont été meurtris dans leurs chairs.

L'année 2008 correspond au nonantième anniversaire de la fin de ce qu'on appelle la Grande guerre. Nous avons pensé que ce serait rendre justice à ceux de nos concitoyens qui y ont participé à différents titres.

Nous avons donc choisi d'évoquer ce conflit à travers l'expérience de quelques uns de ceux qui ont pris la plume afin de témoigner de cette période sombre de notre histoire. Nous ferons écho également d'événements qui ont marqué la vie civile de notre entité.

Dans cette évocation, nous donnerons plus particulièrement la parole aux auteurs suivants :

Omer Bastin, Ernest Droesbeck, instituteurs et écrivains patoisants,
Elie Lemal, ancien Directeur de Travaux de Courcelles,
Arthur Lemaire, avocat à Courcelles,
Jean Droit, fils d'un ancien directeur des Glaces de Courcelles. Cet auteur-illustrateur français dernier passa une grande partie de sa jeunesse à Courcelles-Motte. C'est ce dernier qui évoqua le plus longuement ce conflit.



En guise d’introduction,


Le 11 novembre 1918 se terminait la première guerre mondiale. L’origine officieuse de ce conflit fut l’assassinat à Sarajevo  de l’Archiduc d’Autriche François-Ferdinand et de son épouse Sophie par l’activiste yougoslave Gavrilo Princip. Nous sommes le 28 juin 1914.

Le 23 juillet, l’Autriche-Hongrie pose un ultimatum en six points à la Serbie. Le gouvernement serbe  accepte les cinq premiers points. Le gouvernement austro-hongrois ne s’estime pas satisfait et mobilise. La grande boucherie peut débuter.
Quoique neutre, la Belgique voit son territoire traversé et occupé par les troupes du Kaiser Guillaume II. Pendant quatre ans, la population belge et du Nord de la France eut à souffrir de nombreuses privations et des nombreuses exactions des occupants. Nos concitoyens n’y échappèrent  pas.


Un nombre élevé d’hommes participèrent activement à cette guerre où la vie des soldats au Front avait peu d’importance pour les dirigeants de l’époque. Le premier qui se préoccupa de leur sort était le roi des Belges, Albert 1er. Souvent, il visitait ses troupes sur le Front de l’Yser. Il allait également à la rencontre des soldats français qui disaient à cette occasion : Notre roi est venu nous voir aujourd’hui. Ces paroles remplies de tendresse avaient le don d’irriter le haut commandement français.


Plusieurs de nos concitoyens partirent défendre leur Patrie. Certains d’entre eux ne revinrent pas. Les quatre anciennes communes formant notre entité ont élevé à leur mémoire des monuments où sont gravés leurs noms.

Pour les habitants des communes faisant parties aujourd’hui de l’entité de Courcelles, les choses bougèrent réellement après la chute du dernier fort liégeois le 16 août 14. Les forces allemandes traversent la Meuse et l’armée française se replie vers l’Entre-Sambre-et-Meuse. Le 20 août, le Général français Sordet se replie derrière le canal Charleroi-Bruxelles. Il déploie ses troupes entre Monceau-sur-Sambre et Seneffe. La 3e Division de Cavalerie  prend position entre Courcelles-Motte et Seneffe et a pour mission de garder les ponts de Luttre, de Pont-à-Celles, de Gouy-lez-Piéton et de Morelmont.

Quant à la 1re Division de Cavalerie française, elle occupe l’espace compris entre Courcelles-Motte et Roux.  Les troupes de réserve du Corps de Cavalerie français sont cantonnées dans les communes de Souvret, Trazegnies, Forchies, Fontaine-l’Evêque, Piéton et Anderlues. L’état-major du Général Sordet s’installe à Fontaine-l’Evêque.

Dans la matinée du 21 août, le VIIème Corps d’Armée allemand arrive dans la région d’Obaix, Seneffe et  Manage. Il est précédé par le 16ème Uhlans. Les troupes allemandes marchent en deux colonnes. La colonne de gauche composée de la 14ème Division d’Infanterie s’avance dans la direction  d’Obaix-Buzet, Pont-à-Celles, Gouy-lez-Piéton.

Dans le Bassin du Piéton, les premiers contacts entre les troupes françaises et allemandes ont lieu à Pont-à-Celles et Liberchies. Aux environs de 10 heures, les avant-postes français sont contraints au repli. La 3ème Division de Cavalerie se prépare au combat le long du canal Charleroi-Bruxelles. Bientôt, la 13ème Division d’Infanterie allemande perce les défenses françaises. Les soldats français se replient vers Trazegnies où ils prennent position. Vu le danger, le Général français Sordet déploie la 3ème Division de Cavalerie en crochet défensif de Courcelles à Binche. Le répit est de courte durée. Le 22 août , la bataille d’Anderlues a lieu. Après d’âpres combats, les troupes françaises refluent vers la frontière française. La guerre des tranchées va bientôt débuter.


La parole est maintenant à nos concitoyens,



Courcelles


Dans son Histoire de Courcelles, Elie Lemal raconte :


Tous les soldats avaient été rappelés sous les armes : on croyait bien qu’ils allaient garder la frontière comme en 1870, puisqu’il s’agissait de la guerre entre la France et l’Allemagne. Le 2 août, la garde- civique était réquisitionnée, la première compagnie se trouvait à Courcelles-Motte, la seconde à Trazegnies, puis à Gouy et la troisième cantonna à Courcelles-Centre.

Le 4 août, à la déclaration de guerre à la Belgique, de même que les jours suivants, la foule des Courcellois ne cessa de se masser près des gares, espérant toujours voir passer les trains français venant au secours de la Belgique menacée. … l’état de siège fut proclamé en Hainaut, la garde-civique reçut pour rôle de rechercher les espions. … pour assurer une surveillance efficace, l’autorité communale fit appel aux volontaires pour veiller toutes les nuits. Les civils ainsi admis portaient le sarreau bleu et la cocarde tricolore. Une dizaine d’allemands et autrichiens habitant Courcelles furent détenus à l’hôtel  de ville pour les empêcher de nuire aux intérêts de la Belgique et de les mettre à l’abri de la vindicte populaire.

Déjà les allemands se trouvaient à nos portes, cependant le mercredi 19 et le jeudi 20 août, les dragons français, avec leurs batteries, se retirant de l’est, sous la poussée de l’ennemi, vinrent camper à Courcelles. On les fêta et on ne voulut pas croire à l’avancée de l’armée allemande, car les journaux disaient que Liège tenait toujours bon.
La place du Trieu devint un centre de ravitaillement pour les troupes. L’infanterie était attendue pour enrayer l’avancée ennemie au canal et dans la vallée du « Piéton ».

Le 21 août au matin, plusieurs trains de munitions, approvisionnement et chevaux, arrivèrent en gare de Courcelles-Centre ; les déchargements s’opérèrent avec célérité sous le bruit du canon et le ronflement des avions. A 2 heures de relevée, les trois compagnies de garde-civique furent licenciées ; les armes et munitions déposées dans la salle des fêtes de l’hôtel de ville. En un clin d’œil, les maisons si élégamment pavoisées furent débarrassées de tout insigne patriotique. On vit des gens affolés se sauver de la Motte, et de Reguignies vers le Centre et Trieu-des-Agneaux. A 4heures, les canons français installés rue de Gouy et rue de Viesville, répondaient au feu allemand venant de Pont-à-Celles, Liberchies et Viesville. L’infanterie de secours française ne vint pas, ce qui évita une bataille sur Courcelles et peut-être l’incendie du village ; le soir venu, les canons français se replièrent de l’autre côté de la Sambre.  Place du Trieu, quelques cyclistes français étaient installés derrière une barricade, vis-à-vis du ciné de l’entrée de la Motte ; d’autres fumaient tranquillement la cigarette  derrière quelques tonneaux à l’entrée de la rue Monnoyer.


Il n’y avait plus une seule personne sur les rues, tous les volets étaient descendus et on avait l’impression d’être à minuit par un clair de lune.
La nuit s’écoula, longue et anxieuse, pour les Courcellois ; les quelques sentinelles françaises étaient postées à l’entrée de la rue de Gouy, de Reguignies, Hôtel de Ville, Temple, Sartis, etc. a l’aube du samedi 22, les uhlans allemands arrivèrent de Pont-à-Celles et Viesville, passèrent par le chemin de l’Hôtel de Ville, la rue du Temple et suivirent la rue de Marchiennes vers Roux ; les sentinelles françaises venaient de partir de quelques minutes, il en est même qui furent talonnées par leurs ennemis.

Délaissons un instant la suite de la narration de l’occupation allemande à Courcelles et laissons Elie Lemal de nous conter ici l’histoire de Jean Friot.


Le samedi 22 août 1914, très tôt, les premières troupes allemandes traversèrent notre commune se dirigeant sur Marchienne-au-Pont. Des chasseurs français à cheval, patrouillant sur le territoire de Roux, eurent leur retraite coupée. Cachés dans la ruelle du cimetière, les soldats français, profitant d’un espace vide entre deux colonnes allemandes, traversèrent la route provinciale de Courcelles à Marchiennes et se lancèrent à fond de train dans la rue du Camp Castiau.


Mais, derrière eux, une poursuite sauvage s’organisa rapidement. Malheureusement les Français rencontrèrent le ruisseau Plomcot, que beaucoup de chevaux hésitèrent à franchir. Puis ils durent escalader le terril de l’ancienne glacerie de Roux. Pendant ce temps, les Allemands étaient arrivés en grand nombre sur les hauteurs du camp de  Castiau et une grêle de balles s’abattit sur les fuyards. Trois d’entre eux franchirent le terril sans encombre et disparurent vers Sart-lez-Moulin, en suivant la rue des Boulouffes. Un autre suivit le chemin de fer de raccordement du puit n° 4 et put gagner Forrière. Des minutes émouvantes furent vécues par les spectateurs de cette escarmouche. Un cavalier français, arrivé au terril, dut, à plusieurs reprises, descendre de son cheval, celui-ci ne voulant plus avancer. Enfin, il repartit au petit galop.

Il était temps ! au moment où il franchissait la rue de l’Estacade, 4 fantassins allemands, arrivés sur le terril, tirèrent sur le fuyard, distant d’eux de 80 mètres. Par une chance miraculeuse, il bne fut pas atteint et disparut bientôt dans la vallée séparant le chemin des Bourlouffes et la rue Royale. En remontant cette vallée, son cheval s’écroula mort, une balle l’avait transpercé de part en part.


Dans un sublime effort de l’agonie, il sauva son cavalier ; celui-ci put, alors, gagner la rue de Forrière à pied. A un certain moment, on put voir deux chevaux sans cavalier, galoper sur le terril, puis, effrayés par la fusillade, ils s’enfuirent vers la station de Courcelles-Centre, en suivant le chemin de fer. Un des chevaux se laissa prendre par un civil qui, le ramenant vers Forrière, put le remettre au soldat français qui avait eu le sien tué.


Où se trouvaient les deux cavaliers ? on apprit plus tard qu’un des soldats, dont le cheval n’avait pas voulu franchir la rivière, s’était caché dans un buisson environnant. Les poursuivants ne l’avaient pas aperçu et il avait pu gagner le hameau de Hubes, où, il fut hébergé pendant quelque temps. Malheureusement, l’autre cavalier était, couché, sans vie, sur le terril. Une balle l’avait atteint dans le dos et était sortie par la poitrine. Il avait 20 ans, s’appelait Jean Friot, appartenait au régiment de chasseurs à cheval. Il était originaire du village de Rivières, proche de Nantes, où il était en garnison. Les Allemands prirent sa carabine, mais lui laissèrent son porte-monnaie et sa montre. Un peu plus tard, un maréchal des logis de son régiment vint relever son identité. Le lendemain jean Friot fut enterré au cimetière de Courcelles. Il fut transféré ensuite au cimetière de Gozée.


Bientôt l’infanterie allemande, la cavalerie, l’artillerie débouchèrent de Pont-à-Celles et de Gosselies, se réunissant rue de Marchiennes pour se diriger vers Roux. Les habitants n’osaient sortir, mais les officiers obligèrent d’ouvrir les portes et de donner à boire aux soldats. Le défilé n’avait pas de fin ; la rue de la Motte, la rue de Marchiennes et d’autres étaient occupées sur toute la largeur. Au milieu se trouvaient les chariots, les canons et les voitures de munitions, sur les accotements et les trottoirs tant à gauche qu’à droite, les fantassins chantaient des cantiques et l’hymne national allemand. La bataille de Gozée retarda l’avance allemande et à un moment donné toutes les colonnes reculèrent et 150 blessés furent soigné à la croix-rouge installée au Trieu, sous l’égide de l’ambulance de Courcelles, dont le Comité se composait de MM. Le Docteur Marcq, F. Legat, Lemal E., Herremans L., Seghin A., et Mesdemoiselles Seghin et Rachart.


Durant 10 jours, il ne cessa de passer des soldats, des chevaux, des canons, des autos, etc., quelques unes avec le fameux « Nach Paris ». Le bruit de ces roulements sur les routes pavées, répété par l’écho, représentait celui que produiraient de grosses chaînes roulant sans cesse les unes sur les autres.
Nous avons dit que les soldats français en sentinelles avaient dû fuir le samedi 22 août, à l’arrivée des troupes allemandes. Les uns ont pu s’échapper, mais d’autres ayant leur retraite coupée, ont chercher asile chez des particuliers ;  c’est ainsi qu’on les vit, une heure après, se promener en civil, dans les rangs allemands. Cependant, deux vaillants soldats français encerclés sur le territoire de Roux, traversèrent comme l’éclair, la colonne allemande, près de la gendarmerie, se dirigeant vers l’estacade.

En précipitant le départ le vendredi, les Français avaient laissés 3 chevaux à la station de Courcelles-Centre. A son entrée à Courcelles,l’état-major allemand fit mander le bourgmestre Lagneaux Henri, lui témoigna sa satisfaction de voir la population calme et l’avertit que la moindre hostilité serait punie par l’incendie de la localité. Après avoir exigé quantité de vivres et enlevé les caisses publiques, un officier donna l’espace d’une heure, au bourgmestre, pour remettre toutes les armes des particuliers, sous peine, d’être fusillé.


La vie sociale était suspendue : plus de train, plus de poste, télégraphe, téléphone, plus de services communaux, chômage complet dans toute l’industrie et le commerce. L’ambulance du Trieu avait du établir une succursale à Miaucourt et chez Monsieur Denegry ; on soigna 130 blessés. Un officier et cinq soldats moururent à Courcelles et le 10 septembre 1914, il ne restait plus que quelques blessés, les autres avaient été évacués sur Charleroi.


… les bourgmestres continuèrent de se réunir les lundi et jeudi de chaque semaine pour prendre des décisions en commun et surtout pour gérer les magasins communaux de ravitaillement installés dans chaque localité.


En même temps, un service de secours s’installa, celui de Courcelles logé d’abord dans un bureau de l’hôtel de ville, à côté du ravitaillement , fut transféré dans la maison Pireau, à l’entrée de la rue du Parc
(rue Paul Pastur) où il fonctionna jusque l’armistice, sous la présidence de M. le pharmacien Moreau.


De même que dans les autres localités, on installa la soupe scolaire, vint ensuite la soupe populaire. Elle se fabriqua dans les locaux de l’ancien tir de la garde civique. Le conseil communal décida par la suite, un service de culture communale en régie et de coins de pommes de terre ; il fonctionna jusqu’en 1919.


En août 1915, le bourgmestre Lagneaux, le conducteur des travaux Lemal, le commissaire de police Goffin, son adjoint Debauve, le receveur Delvigne, l’employé Duquenne, le directeur de l’école industrielle Jouniaux, le secrétaire Lemaître A. furent arrêtés par la police secrète allemande. Ils étaient accusés d’avoir publié le discours du Roi, d’avoir laissé écrire par les élèves de l’école industrielle, des lettres injurieuses envers l’Allemagne, d’avoir passé la frontière, etc.


La plupart s’en tirèrent avec 15 jours de prison, mais Lagneaux et Lemal restèrent près de trois mois en prison et payèrent 900 mark d’amende. Peu de temps après, le bourgmestre fut rendu responsable des vols des fils téléphoniques sur Courcelles. Il dut se porter garant de même que le secrétaire et plusieurs notables de la localité pour le reste de la population. Par la suite, la commune encourut plusieurs amendes, dont le total s’est élevé à 4 000 mark, l’une pour avoir enfreint l’arrêté sur le beurre, une autre pour avoir maintenu l’heure belge au lieu de l’heure allemande, etc.

L’occupation allemande s’est faite dans une « kommandantur » installée dans les locaux de la cantine de la verrerie de la Motte. Les soldats de la compagnie étaient logés dans une trentaine de maison du voisinage qui avaient été réquisitionnées.


Le samedi 11 octobre 1918, nous étions dans la zone d’étape, par la suite de la défaite des troupes allemandes de front ; la 6ème batterie du régiment d’artillerie 402, est arrivée avec 630 chevaux et 800 hommes. Quelques jours après, la 2ème batterie F.A.R., n° 266 a cantonné place du Trieu ; ce fut ensuite le « repassage » des troupes allemandes, l’armistice et la débandade avec le pillage des wagons et des bateaux. Les derniers pillards allemands attardés mirent le feu aux wagons de munitions, groupés dans la station de Courcelles-Motte ; fort heureusement des ouvriers et le directeur de la verrerie poussèrent les dangereux wagons hors de la station et préservèrent ainsi tout le quartier de la Motte. Entretemps, les explosions de Monceau brisaient les vitres des maisons de Courcelles.


Au cours de la guerre, les allemands occupèrent les « glaces de Courcelles » pour y fabriquer des fibres de bois. Ils en profitèrent pour enlever toutes les machines et anéantir l’usine, causant un dommage de plus de deux millions. Dans la verrerie de Courcelles, ils avaient installé un immense dépôt de munitions qui connut jusque 40 000 obus.


Il n’est pas possible de décrire les exactions, les violations, les réquisitions, les dommages, les pertes, les amendes infligées par l’occupant et il faudrait un volume pour raconter tous les faits. Il faut reconnaître que les Courcellois, qui avaient plus d’un tour dans leur sac, ont souvent déjoué la police allemande, soit dans les réquisitions, soit dans des transports frauduleux ou en cachant les objets dont l’enlèvement était prescrit. Nous nous bornerons à donner quelques chiffres sur les dommages subis par les habitants et par la commune, consistant dans l’enlèvement d’objets de tous genres, depuis les produits de l’agriculture jusqu’à ceux de l’alimentation, commerciaux ou industriels, sans oublier les peupliers, noyers, briques, plâtre, cigarettes, vélos, caoutchouc, glaces, liqueurs, produits pharmaceutiques, armes, fils, ronces, charbons, pigeons, laines, moteurs, tissus, vins, etc., pour une valeur, au prix de 1914, de 5.540.148 fr.85.


Les 33 maisons occupées par les soldats ont coûté en réparations des destructions 14.407 frs.75… de plus 130 personnes ont subis des dommages corporels. 50 000 frs. d’armes ont été confisquées et les pertes du fait  de violation du droit des gens se sont élevées à 472.099 frs.54. le dommage de guerre de la commune s’est élevé à plus de 300.000 frs.


… 176 courcellois ont été déportés de force en Allemagne, dans l’intention de les occuper dans les usines travaillant pour les besoins de l’armée. Ces déportés n’ayant pas voulu se livrer à un travail incompatible avec leurs sentiments patriotiques, ont été odieusement maltraités ; cinq d’entre-eux sont morts en exil et trois autres, après leur retour au pays, des suites des mauvais traitements subis et des privations qu’ils ont eu à supporter. Plusieurs d’entre-eux sont rentrés au pays anémiés, épuisés et incapables de se livrer à un travail normal et suffisamment rémunérateur.


… les allemands ne se sont pas contentés de réquisitionner pour l’armée d’occupation. Ils ont exigé la fourniture de métaux et denrées utilisés pour la fabrication de munitions et en cas de non fourniture, ils ont saisi, lors de perquisitions à main armée, ce que les habitants ne voulaient pas livrer. Cependant la population a réussi à cacher des quantités assez importantes de ces matières … les troupes d’occupation ont détruit la plus grande partie du mobilier qui se trouvait dans la station, dans les bureaux des postes et dans les écoles de la commune où ils ont séjourné. Ajoutons qu’à leur entrée dans la commune le 22 août 1914, ils ont enlevé une somme de 6.248 francs qui se trouvait dans la caisse communale.


728 miliciens et 30 volontaires étaient partis défendre le pays ;
tous ne sont pas rentrés,
57 sont tombés au champ d'honneur.



L’auteur,


[Courcelles, 1883-1951]


Nommé conducteur des travaux à Courcelles le 13 octobre 1900, Elie Lemal devient  professeur de sténo-dactylographie
à l’Ecole industrielle de Courcelles à partir du 1er janvier 1904. Membre de la Garde civique de Courcelles en qualité de sous-lieutenant la 3e compagnie du 1er ban d’infanterie en 1911.

Elie Lemal faisait partie du comité de la Croix-Rouge de Courcelles en 1914. Le mercredi 4 août 1915 après-midi, Elie Lemal et d’autres furent arrêtés par la police allemande pour avoir publié le discours du roi Albert 1er et pour avoir laissé écrire des lettres injurieuses envers l’Allemagne par les élèves de l’Ecole industrielle de Courcelles, … Il resta  emprisonné 3 mois et dut payer une amende de 900 marks.En 1918, son épouse Gustavine Lambert (1884-1967) lui donne un fils prénommé Robert.



Trazegnies


Tiré du livre de Jules Degrouve " Trazegnies : histoire et géographie locales


Dans la nuit du 31 juillet 1914, on sonna le tocsin  et un agent de police se rendit chez les miliciens des classes 1900 à 1913 afin de leur communiquer l’ordre de rejoindre leur corps.
La nuit du 31 juillet 1914 est encore trop présente à notre esprit pour ne pas nous rappeler toute l’inquiétude, lorsque le son de la cloche de l’église nous réveilla en sursaut et qu’un agent nous communiqua l’ordre de rejoindre notre corps. Cet ordre qui visait tous les miliciens des classes de 1900 à 1913, se renouvela trois jours plus tard pour les soldats de la classe 1899. A quatre heures du matin, l’animation était extraordinaire dans toutes les rues de notre commune, particulièrement dans le quartier des la gare. Nos soldats partaient pour quelques semaines, pensai-on, comme en 1870, dans le but de garder nos frontières et d’empêcher la violation de notre territoire. « L’Allemagne avait déclaré la guerre, pas à nous certainement, disait-on, elle ne le peut, elle a signé le traité de 1839, garantissant notre neutralité. Elle ne manquera pas à sa parole ». Erreur profonde, naïveté !!

Les enfants de Trazegnies au nombre de plus de deux cents, ont répondu à l’appel du Roi bien-aimé. Pendant cinquante-deux mois, que de souffrances endurées loin du coin béni, loin du riant village. Hélas ! tous ne sont pas revenus ; vingt-huit des nôtres sont tombés victimes de leur héroïsme, de leur vaillance pour le pays et l’humanité.


Nos soldats partis, notre population vécut des transes mortelles. Le 20 août, les soldats français arrivent à Trazegnies ; cependant l’annonce du combat de Pont-à-Celles du 22 août, les dissuade de rester ici. Heureusement pour notre population, car dans l’après-midi déjà, les Uhlans suivis des troupes allemandes, pénétraient, par les rues de Gouy et de Pont-à-Celles. Ce fut l’effarement, la crainte, l’épouvante pour nos parents. Cette armée allemande, 
allemandes, pénétraient, par les rues de Gouy et de Pont-à-Celles. Ce fut l’effarement, la crainte, l’épouvante pour nos parents. Cette armée allemande, puissante, bien aguerrie, préparée, ne fit  que traverser nos rues pour aller combattre à Collarmont (Carnières,  le 24, contre les français.

Cela donnera lieu à de  terribles combats. A la veille de l’Armistice, Léon Donkerwolke sera tué par une bombe tombée sur la commune. C’était un enfant.


L’auteur,


Trazegnies, le 10 juillet 1883 - Trazegnies, le 28 décembre 1934

Fils de Charles Degrouve, scieur de bois et d'Antoinette Renard.
Ancien élève de Jules Renson, Jules Degrouve obtient son diplôme d'instituteur
à l'Ecole normale agréée de Bonne Espérance. Le 23/08/1904, il est désigné
sous-instituteur communal pour le 2ème emploi. En séance du Conseil communal
de Trazegnies du 01/08/1919, Jules Degrouve est nommé professeur d'arithmétique
commerciale et de correspondance à titre provisoire à l'école industrielle de Trazegnies.
Jules Degrouve épousera en première noce de Léontine Gilles et en secondes noces
de Anne Philippe. Il eut deux enfants : Henry, professeur à l'Athénée royal de Chimay,
fruit de son premier mariage et Georges, décédé à l'âge de 10 ans, enfant issu de sa
seconde union.
Ambulancier à la Croix-Rouge dans le Pas-de-Calais en 14-18.
Il fut instituteur à la colonie scolaire de la reine Elisabeth à Le Glandier par Pompadour,
département de Corrèze vraisemblablement suite à une blessure reçue sur le Front.
Décoré des Croix de l'Yser, d'Honneur ; des Médaille de la Victoire, commémorative du
Centenaire et de la Croix civique de Première Classe. Jules Degrouve est décédé à la suite d'un malaise cardiaque.



                                                                                                                                                                                                                         ( coll. Mme Moreau ) 

Sources bio-bibliographiques


Enquête réalisée par Madame Moreau de Trazegnies, petite-fille d'Hélène Degrouve, nièce de Charles Degrouve auprès des membres de sa famille.

Conseils communaux de la commune de Trazegnies.

Hanlet, Camille
Les écrivains belges contemporains de la langue française ...,
Op. cit., p. 1080

Heuchon, Luc
Essai de bio-bibliographie ..., op. cit., pp. 139-140, ill

Bibliographie

Trazegnies : histoire et géographie locales :
Recueil documentaire à l’usage des familles et des écoles


Gouy-lez-Piéton


Nous n'avons pas trouvé trace d'écrits gouytois sur le sujet. Nous nous contenterons donc de relater les quelques événements épars que nous avons pu recueillir à travers diverses lectures.

A Gouy-lez-Piéton, rue de la Fléchère à l'arrière des bâtiments de la Ferme du blanc Cama et près du Canal, se trouvent les vestiges de tranchées creusées en 1914. Marcel Dussaussois raconte dans le tome 2 de son livre intitulé Chasse aux vieilles censes que le propriétaire de cette ferme, Henri Chapelle, « en visite sur ses terres, près de la ferme du Moulin, rencontra inopinément un parti de Uhlans. Effrayé par ces cavaliers sinistres ennemis, il leur fit un salut militaire, aussitôt rétorqué. Sur le chemin du retour, il fut rencontré par des voisins qui le trouvèrent livide. D'où, le nom actuel de la ferme Chapelle.


Souvret


Comme la plupart des habitants de Belgique, bon nombre de nos concitoyens eurent faim suite aux réquisitions alimentaires effectuées par les allemands. Le 28 août 1914, le Bourgmestre Jules Mattez prend des mesures afin d'assurer au mieux l'alimentation de la population de sa commune. Un avis paru dans le journal « La Région de Charleroi » indique que la Commission des Subsistances a décidé que chaque famille recevrait deux fois par semaine du pain chez le boulanger désigné à cet effet.

Afin de pouvoir recevoir sa ration de pain, il fallait être en possession d'une carte de consommation délivrée obligatoirement par l'Administration communale. Dans le même avis, la Commission des Subsistances demande aux habitants possédant un ruminant ou un porc de le mettre à la disposition de la commune.

L'avis stipule qu'il « interdit à quiconque, en dehors des bouchers, de tuer et débiter de la viande jusqu'à nouvel ordre.
Quelques jours auparavant, le Bourgmestre Mattez avait pris un arrêté interdisant la vente d'alcool dans le village « pour maintenir la paix publique... ».

Grâce aux recherches de Monsieur Lucien Delbèque, nous savons qu'en 1915, il fut distribué en aide alimentaire aux souvrétois 17 kg 414 gr. de denrées alimentaires par habitant pour une période de 300 jours.

Le 22 novembre 1916, 52 souvrétois furent déportés dans la Ruhr comme travailleurs obligatoires

Fin de la première partie / Luc Heuchon
Reproduction partielle autorisée sous réserve de citer la source.

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