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« Aujourd’hui le capital et le travail sont en lutte. L’un gagne d’autant plus que l’autre gagne moins. Placé entre l’industriel qui lui suce son salaire et le spéculateur qui augmente le prix des denrées, le travailleur se trouve dans la position d’un malade qui serait saigné à la fois aux quatre membres ; il faut qu’il meure. Un tel état de choses ne saurait durer. Il est urgent se mettre un terme à cette lutte, d’apporter un changement à cette position ».

 

Gustave Matthieu  ( 1902 )

 

En guise d’introduction :

 

Aujourd’hui, nous sommes au XXIème siècle et force est de constater que les phrases écrites par Gustave Mathieu vers 1902 sont encore d’une étonnante  modernité. Où est la merveilleuse utopie de la seconde partie du  XXème siècle qui prônait, POUR UN AVENIR PROCHE,  la Civilisation des Loisirs et la répartition équitable du temps de travail ?

 

Référons-nous à l’actualité !!! Le Monde des « AFFAIRES » et les dirigeants de ce monde sont bien décevants !!!

Lombard, Alfred                                                        

 

Souvret, le 13 février 1864 -1940

 

 

Issu d’une famille ouvrière, Alfred Lombard descend dans la mine à l’âge de 9 ans et participe l’été aux campagnes à briques. Il a plusieurs frères et sœurs. Cependant, Alfred Lombard a l’envie d’apprendre. Il suit donc les cours dominicaux pour adultes donnés par les instituteurs communaux.

 

Il adhère, dès sa constitution en 1885, au Parti ouvrier belge (P.O.B.). Militant pur et dur auprès des ses camarades mineurs, Alfred Lombard se verra privé de son livret de travail. Sans ce livret, pas de travail. Il se voit donc obligé pour faire vivre sa famille de devenir colporteur et de vendre du tabac de porte en porte.

 

Alfred Lombard est un des pionniers de la coopération dans la région de Charleroi.  Le 12 septembre 1886, il fonde avec quelques camarades un premier groupement socialiste à Souvret. Mais, bien vite des dissensions apparaissent au sein du groupement. Cependant, Alfred Lombard ne laisse pas tomber les bras et la Société coopérative « La Citadelle du Progrès » de Souvret finira par être créée.

 

citadelle-du-Progr-s.jpg

En 1887, l’Union des Mineurs de Souvret se trouve dans la nécessité de trouver un local assez grand pour y tenir ses réunions vu le nombre croissant de ses adhérents de plus en plus nombreux. C’est pourquoi

 

Alfred Lombard fait partie du Comité fédéral de la Fédération démocratique de l’Arrondissement de Charleroi, crée par Jules Destrée le 2 avril 1893. Il entre au Conseil communal de Souvret en 1896.

 

En 1899, des événements sociaux graves se produisent. Le 25 avril 1899, le bourgmestre de Souvret Mattez prend une ordonnance de police interdisant sur le territoire de Souvret tous rassemblements et attroupements de plus de cinq personnes. Le 27 avril 1899, la séance du Conseil communal de Souvret est houleuse. Les conseillers communaux rejettent l’ordonnance par 7 voix contre 2. Cependant, le bourgmestre Mattez annonce qu’il prendra une nouvelle ordonnance. Alfred Lombard lui demande si ces mesures seront toujours en vigueur pour le 1er mai. Le bourgmestre répond qu’il avisera.

 

En 1902, il participe au large mouvement de coopération qui se dessine à travers la Belgique.  A. Lombard prend les rennes de l’Union des  Mineurs de Souvret en 1904 et l’organise sur le système des bases multiples. Son organisation compte 500 affiliés. Cette même année, il devient Conseiller provincial. Il le restera jusqu’en 1913.

 

Le 1er janvier 1909,  Alfred Lombard devient secrétaire de la Fédération nationale des Mineurs. Il le restera  jusqu’au 1er août 1920. Pourvu d’une haute technicité syndicale, il écrit divers articles dans « Le Journal de Charleroi » et dans « L’Ouvrier mineur » notamment sur l’écart entre les salaires et les prix. Emile Vandervelde écrira à son sujet : « Lombard, le trésorier de la Fédération, calme, prudent, avisé, une force tranquille : suaviter in modo,fortiter in re.

 

Jean Neuville cite à son propos dans son livre « L’origine des premiers syndicats » : La maîtrise de Lombard lui permet de passer à des considérations sur l’évolution du capitalisme, ou, à un magistral exposé sur le cartel rhéno-wesphalien et sa politique en Belgique.

 

Partisan de la centralisation syndicale à bases multiples, Alfred Lombard se bat contre le localisme et le corporatisme de certaines organisations socialistes. En 1909, lors d’un meeting, il dit aux mineurs venus l’écouter : « Voyez mes amis de la Fédération des Métallurgistes, quelle force d’organisation ils sont en train d’accumuler, et cela grâce à leur mode d’organisation à bases multiples et centralisées en une seule et même caisse pour tout le pays. Chez les mineurs, la centralisation par bassin existe dans la Basse-Sambre et dans le bassin du Centre ». Mais dans le bassin  de Charleroi, ses paroles n’éveillent que méfiance.

 

En 1910, il réaffirme sa position vis-à-vis du centralisme : « Les syndicats sont décentralisés, un par commune, non seulement avec leur petite caisse à eux, mais avec leurs versements personnels inscrits au compte particulier de chacun et dont il faut attendre l’assentiment pour pouvoir y toucher, quels que soient les besoins pressants de la solidarité prolétaire. Or, la centralisation capitaliste aidant nous obligera un jour à nous centraliser si nous voulons résister à ses exigences, à sa capacité dévorante : mieux vaut y aller tout de suite, plutôt que d’être contraints dans 8 ou 10 ans ».

  

Mais, ses efforts aboutissent après plusieurs mois de négociations et le 23 janvier 1910, les différentes associations de mineurs du bassin de Charleroi se regroupent en une même centrale syndicale possédant une caisse de chômage, un service de défense en justice, une caisse de résistance en cas de grève,…Cependant, cette centrale syndicale stagnera au grand dam d’Alfred Lombard qui se doit de constater qu’au lendemain de la grève de 1913 pour le Suffrage universel que : « un localisme et un particularisme outrés, confinant à l’individualisme, aboutissant fatalement à l’égoïsme entre les syndiqués plutôt qu’à une pratique constante de la solidarité ».

 

Lors des élections législatives de 1913, il est élu député. D’après Lucien Delbèque, l’arrêt du tram facultatif des la rue des Graffes aurait été installé à son intention pour lui permettre d’attraper à la gare de Trazegnies le train lui permettant de se rendre au Parlement à Bruxelles.

 

En 1917, la tuberculose fait des ravages parmi la population. La mortalité a quasiment doublé et la grande majorité de la population ouvrière souffre de dénutrition. Un comité national pour le ravitaillement de la population a été créé pour venir en aide à la population souffrant de l’occupation allemande en matière de secours-chômage.

 

Une enquête a lieu dans le milieu charbonnier. Alfred Lombard rapporte « qu’en dépit d’une hausse de salaire de 2 francs par jour sur les salaires, 3 p.c. des mineurs, pour descendre à la bure, avait du beurre sur leurs tartines, 6 p.c. n’avaient que du pain sec, 8 p.c. mangeaient des carottes, 25 p.c. des betteraves, 18 p.c. des rutabagas8 p.c. du sirop ou de la mélasse, 7 p.c. des galettes de son, 8 p.c. des galettes de betteraves et de rutabagas, 8 p.c. n’avaient rien du tout dans leur besace. Dans ces conditions, que peut faire une famille  avec les secours du Comité national, qui n’accorde, y compris le pain, la soupe, le chauffage et le vêtement, que 4 francs par semaine aux adultes, 3 francs aux adolescents et 2 francs aux enfants ? »

 

Cependant, il faut reconnaître que le Comité national ne pouvait être rendu responsable de la situation. En effet, il dépendait des ressources que lui octroyait le gouvernement belge en exil. L’importance des ressources étant elle-même fixée par les Alliés qui avaient peur d’aider les Allemands.

 

En 1919, des firmes privées voulant créer des magasins à succursales multiples et concurrencer les petites coopératives locales, Alfred Dubois, de la coopérative « L’Immortelle » de Luttre,  entreprend des démarches pour constituer une association des coopératives ayant pour but de rendre les diverses coopératives socialistes plus fortes. Pour atteindre son objectif, il décide de s’entourer de deux collaborateurs efficaces. Il fait appel à Julien Papart, jeune coopérateur de Couillet et l’homme d’expérience, Alfred Lombard. De cette collaboration naîtra « L’Union des Coopérateurs du Bassin de Charleroi ». Ce sera un succès. Pour fêter la victoire du centralisme sur le localisme, Alfred Lombard propose à ses amis socialistes la construction d’un siège pour toutes les organisations ouvrières socialistes. Le projet soulève l’enthousiasme et quelques temps par après, le Palais de l’Industrie et du Travail, maintenant le magasin « …. » et le Palais du Peuple à l’emplacement de l’actuelle « Galerie Eldo » à Charleroi, sont construits. « L’Union des Coopérateurs du Bassin de Charleroi » absorbera , en autres, les coopératives de Courcelles et Souvret.

 

Suite aux élections communales de 1920, Alfred Lombard devient bourgmestre de Souvret en 1921. Il le restera jusqu’en 1933. En mars de l’année, le Congrès du P.S. désigne Achille Delattre en qualité de Secrétaire national de la Centrale nationale des Mineurs en lieu et place d’Alfred Lombard devenu député.

 

A l’ordre du jour du Conseil communal de Souvret du vendredi 14 janvier 1921, il est question de la création d’une société de logements à bon marché. A cette occasion, Alfred Lombard fait le compte du nombre d’habitations de Souvret et préconise la construction de cent nouvelles maisons. Le Conseil communal vote par 7 voix et 3 abstentions la constitution d’une société de logement à bon marché. Les abstentionnistes sont Mattez, Hannecart et Masquelier. Le Foyer populaire de Souvret est né.

 

Alfred Lombard devient sénateur coopté du 27 décembre 1921 au 5 mai 1925.

 

Les fêtes du Centenaire de l’Indépendance en 1930 à Souvret furent la scène d’une querelle de clocher entre le Bourgmestre Alfred Lombard et l’opposition cléricale. Il semblerait que le camp politique adverse ait profité de ce qu’Alfred Lombard fut allé, comme le souligne ironiquement un journaliste de l’époque, « prendre les eaux prolétariennemen » [sic], pour faire imprimer des affiches annonçant un Te Deum et portant la mention vues et approuvées par le Bourgmestre. Rentré le samedi 23 août, Lombard découvre la chose et fait recouvrir la mention

 

En 1939, il redevient échevin et cède sa place à Constant Maghe en 1940.

 

En mai 40, le camarade Alfred Lombard fait une cure à Mondorf dans le Luxembourg et en juin 40, il évacue en France. Il séjourne à Lyon et y tombe malade. Prévenu, Achille Delattre rejoint ses amis Dethier, Lemme et Gilot au chevet de Lombard. Ce dernier va mieux et peut, après trois mois, rentrer à Souvret. Quoique sa santé sembla meilleure, il est terrassé par une crise.

 

 

Son corps fut rapatrié à Souvret et son inhumation eut lieu le 22 novembre 1940. Vu l’époque (début de la guerre), ses funérailles furent modestes. Seul le Bourgmestre de Souvret, Dulière prononça un discours où il rappela les activités nombreuses du camarade Lombard sur le terrain communal.

 

Bio-bibliographie

 

Procès-verbaux du Conseil communal de Souvret

 

Bertrand, Louis

 

Histoire de la coopération en Belgique :

Les hommes, les idées, les faits / préf. de

Emile Vandervelde

. – Bruxelles : Dechenne & Cie, 1902

. -  725 p. : ill.

. – p. 544

 

Delbèque, Lucien

 

Des souvrétois, au service de la Belgique,

p. [35], ill.

In

Dis, raconte… Souvret, village de Belgique

. – Souvret : Centre culturel, 1991

. -  [72] p. : ill.

 

Michel, J.

 

Le maillon plus faible du syndicalisme minier : la Fédération

des Mineurs belges avant 1914

in Revue de Philologie et d’Histoire,

tome LV , n° 2, 1977, p. 433

. – p. 454

 

Neuville, Jean

 

L’origine des premiers syndicats

. – Bruxelles : Vie ouvrière, 1979

. – 391 p.

.-  (Histoire du mouvement ouvrier en Belgique ; 8)

. – p. 243

 

Vandervelde, Emile

 

Le Parti ouvrier belge : 1885-1925

. – Bruxelles : L’Eglantine, 1925

. – 503 p. : ill.

. – p. 82-83, 307, p. 309 : photo

 

Bibliographie

 

La mission socialiste dans la Rhur : rapports et conclusions des délégués Lombard, Renier, Vinck, De Bruyne, Hubin, Wauters, De Vlaminck

. – Bruxelles : L’Eglantine, 1923

. – 32 p. ; 17 cm

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