Guerre 14-18 : l'entité de Courcelles durant la Première guerre mondiale, suivi de ; Témoignages de soldats courcellois. 6e partie
Témoignage du prisonnier de guerre souvrétois Alfred Seghin
Alfred Seghin et Jules Dulière
( 10 juin 1915 )
Carte postale datée du 10 avril 1915
Cher Père,
C'est avec un réel plaisir que je vous annonce que suis toujours en bonne santé. Depuis quelques temps, j'attends de vos nouvelles.
J'ai reçu une lettre de mon cousin Gaston dont je m'empresse de lui rpondre aujourd'hui. Il me cause d'une lettre mise à Berlin par un officier allemend mais, elle ne m'est pas encore parvenue. Je vous envoie en moyenne deux cartes par semaine. J'espère que ma correspondance arrive toujours à destination. Rien de nouveau à vous signaler la vie du camp est toujours la même, boire, manger, dormir.
Avec le bon temps revient les jeux de balle, de football, etc. Après le souper, réunion de Souvrétois, promenade de santé dans le camp pour réintégrer sa chambre à l'appel afin de refaire son lit. Mes nuits sont toujours très bonnes souvent interrompue par de rêves, soit du village, des combats, etc.
Au magasin nous y avons assez bien de distractions. C'est ce qui fait que le temps me semble assez court. J'ai reçu une lettre de m. Noir, pasteur à Courcelles. Quand à vous cher père, j'espère que vous êtes toujours en bonne santé, que mon frère dont j'attends une lettre depuis longtemps me conte s'il est toujours à Forchies, comment se passent ses journées, ses dimanches. Ma chère soeur Aline s'apprête-t-elle à me donner un gros baiser à mon retour. Mes compliments à Oncles, tantes, cousins et cousinnes. Des nouvelles de mon cousin Aimé me ferait plaisir, des amis du front, des camarades Gaston, Pierre. etc
Je finis cher père en vous engageant à la patience et à la résignation et j'espère que bientôt reviendra avec la paix et le bonheur, votre fils qui ne pense qu'à vous tous. Recommandez toujours [Isaar][sic] de ne pas s'égarer. Mille baisers de votre fils et frère qui vous aime.
Alfred.
Camp de Soltau en 1916, région de Hanovre où fut prisonnier Alfred Seghin
Quelques photographies d'Alfred Seghin prise en captivité
Photographie de grope non datée - En partant de la gauche, A. Seghin est le 3ème militaire agenouillé.
Photographie datée du 20 mai 1917 - A. Seghin est à gauche.
Photographie datée du 10 juin 1918 - A. Seghin est debout côté droit de la photographie.
Nous ne serions clore cette 6ème partie sans évoquer le courrier daté du 17 septembre 1934[sic] adressé par Henrich Lübkehmann à Alfred Seghin :
Bien cher Monsieur Seghin,
J'ai bien reçu votre lettre et vous envoie mes meilleurs remerciements. Je suis bien content que vous m'avez fait part de votre visite à la tombe de notre cher Johann. Ce que vous avez fait mérite notre plus grande estime et c'est une preuve pour moi que vous et mon frère Johann étiez devenus de bons amis. Malheureusement il ne lui a pas été permis de rentrer dans sa patrie. Mère est morte aussi depuis un an.
Père vit encore. Saviez-vous, Monsieur Seghin, que Johann était enterré là-bas à Romagne ou bien avez-vous trouvé sa tombe accidentellement ?
Johann a été blessé gravement par une grenade près de Montfaucon et est mort à l'hôpital de Romagne. Voudriez-vous bien, Monsieur Seghin, être assez aimable pour me dire si la tombe de Johann est bien ? si la pierre tombale s'y trouve encore ?
Je ne suis malheureusement pas en état de faire un voyage jusque là.
Avec tous mes meilleurs souhaits pour vous, reste la famille reconnaissante : HeinrichLübkehmann
Meilleurs souhaits des enfants de ... Monsieur .... est mort. Souhaits également d'Adèle Wichmann maintenant Mme Dahlweg.
Photographie de la tombe de Johann Lübkehmann ( 10/02/1897 - 06/08/1917 ) au cimetière de Romagne en France prise vraisemblablement par Alfred Seghin.
Alfred Seghin
Alfred est le fils
d'un fabricant de meuble souvrétois résidant rue de La Poste. Fait vraisemblablement prisonnier lors de l'invasion de la Belgique par les troupes allemandes, il fut incarcéré au camp de Soltau
près de Hanovre. Alfred Seghin y devint magasinier.
Ayant eu en mains
plusieurs cartes postales écrites par A. Segnin, il nous a été donné à penser que son père Camille Seghin est décédé lors de sa captivité. En effet, là partir de 1917, la correspondance est
adressée à sa soeur Adèle.
Rendu à la vie civile, Alfred Seghin reprit la fabrique familiale et s'installa à Trazegnies.
Luc HEUCHON.
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